Fusions et acquisitions : rebond du secteur en 2025 ?

26 août 2025

Les volumes mondiaux de fusions-acquisitions ont chuté de 17 % en 2023, selon les données de Refinitiv, atteignant leur plus bas niveau depuis dix ans. Pourtant, plusieurs deals de grande ampleur ont été signés au premier trimestre 2024, notamment dans les secteurs de la pharmacie et de la tech.

Les investisseurs institutionnels ajustent leurs stratégies face à la remontée des taux et à la volatilité des marchés. En Europe, la multiplication des opérations de consolidation laisse entrevoir un changement de cycle, malgré la persistance de freins réglementaires et géopolitiques.

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Panorama du marché mondial des fusions-acquisitions : tendances et signaux de reprise

Après des mois où la machine des fusions et acquisitions semblait grippée, le secteur amorce une respiration. La fête post-pandémie a laissé place à la prudence : la hausse des taux d’intérêt, des incertitudes qui s’accumulent, la volatilité qui fait reculer plus d’un acteur. Cependant, 2025 pourrait bien marquer un point d’inflexion. Les transactions signées début 2024 donnent le ton : le réveil est discret, mais il s’installe. Les fonds de private equity reviennent à la charge, et les sociétés cotées s’avancent de nouveau sur le terrain des acquisitions ciblées.

La reprise n’a rien d’uniforme. Aux États-Unis, l’appétit renaît, porté par une tech en ébullition et une santé toujours dynamique. En Asie, la prudence domine, chaque décision pesée au regard du contexte monétaire et des tensions commerciales. L’Europe, elle, avance sur la corde raide, entre consolidation et quête d’identités sectorielles nouvelles. Le capital-investissement s’impose, fort de sa capacité à mobiliser des liquidités encore abondantes et d’une pression palpable à investir rapidement.

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Pour illustrer les mutations en cours, voici les grandes tendances qui se dégagent :

  • La taille des opérations s’envole, portée par des méga-deals dans la tech et la pharmaceutique.
  • Les valorisations restent élevées, mais la sélectivité est de mise : seuls les actifs vraiment stratégiques attirent les regards.
  • La croissance externe retrouve sa place dans la stratégie des groupes qui cherchent à compenser l’érosion des marges.

Le rebond du secteur M&A en 2025 dépendra d’une accalmie sur les taux et d’un retour de la confiance. Les investisseurs attendent leur moment : si la stabilité s’installe, la prochaine vague d’opérations pourrait s’imposer, portée par un vent d’optimisme nouveau.

L’Europe face aux incertitudes économiques et politiques : quels impacts sur les opérations M&A en 2025 ?

Sur le Vieux Continent, le marché M&A avance à pas comptés. Les investisseurs gardent l’œil rivé sur la conjoncture, freinés par le renchérissement du capital. La BCE ne lâche pas la pression, l’inflation ralentit, mais la croissance marque le pas en France et en Allemagne. L’Italie et l’Espagne tentent de maintenir la cadence. En chiffres, le volume des transactions a reculé de 17 % lors du premier semestre 2024, à rebours de la dynamique observée aux États-Unis.

Le contexte politique vient brouiller les cartes. Incertitudes électorales, tensions géopolitiques, spectre d’un retour de Donald Trump, crainte de barrières tarifaires : tout concourt à figer les décisions. De nombreux groupes préfèrent différer leurs opérations, exigeant désormais une prime de risque plus élevée. Les processus de due diligence s’étendent, les évaluations se tendent.

Pour clarifier l’impact sectoriel de ces incertitudes, voici les principales tendances observées :

  • Les secteurs dépendants des chaînes de valeur mondiales, comme l’automobile, l’énergie ou les biens d’équipement, voient les deals se faire plus rares.
  • Les fonds de capital-investissement privilégient la France et le Benelux, considérés comme moins exposés aux tempêtes internationales.

La diversité des réglementations nationales et la volonté de défendre des intérêts industriels fragmentent davantage le marché européen. Les grandes opérations transfrontalières deviennent l’exception ; les acteurs locaux reprennent la main. Difficile pour l’instant de savoir si la seconde moitié de l’année inversera la tendance ou prolongera l’attentisme.

Quels secteurs devraient tirer leur épingle du jeu dans la dynamique de rebond ?

La géographie des fusions-acquisitions change de contours, tiraillée entre pressions économiques et accélération digitale. La technologie s’impose en locomotive. Éditeurs de logiciels, entreprises d’intelligence artificielle, spécialistes de la cybersécurité : tous attisent la convoitise des investisseurs. Les multiples tiennent, soutenus par la promesse de gains d’efficacité et de nouvelles perspectives de croissance. Les opérations s’organisent autour de l’accès aux données, à l’innovation et à la propriété intellectuelle. Les fonds de private equity multiplient les rachats pour bâtir des ensembles cohérents.

La santé et les life sciences n’échappent pas à ce regain d’intérêt. Les biotechs, medtechs et la santé digitale traversent la période sans décrochage. Les marchés des soins personnalisés montent en puissance, la sécurisation des chaînes d’approvisionnement devient un enjeu, la course à l’innovation pousse à l’acquisition de savoir-faire. La distribution pharmaceutique et les laboratoires de diagnostic s’inscrivent, eux aussi, dans cette logique d’intégration verticale.

Dans le secteur du BTP et des infrastructures de transport, la transition énergétique fait office de moteur. Les groupes cherchent à intégrer des compétences en génie climatique, en mobilité douce, en rénovation urbaine. Les PME spécialisées dans les solutions bas-carbone deviennent des cibles recherchées par les acteurs soucieux de répondre à la nouvelle donne réglementaire et aux usages émergents.

Pour cerner les secteurs les plus dynamiques, on peut retenir :

  • Technologie et intelligence artificielle : moteurs du dealflow, notamment sur le cloud et la data.
  • Santé et sciences de la vie : les multiples tiennent, la biotech et les services aux établissements de soins restent attractifs.
  • BTP et transports : la croissance externe s’appuie sur la transition écologique et l’urbanisation.

Conseils stratégiques pour réussir ses opérations de fusion-acquisition en période de transition

Dans ce contexte mouvant, la préparation devient la clef. Les fusions-acquisitions PME nécessitent méthode et anticipation, particulièrement quand la volatilité bouscule les certitudes. Les dirigeants qui avancent avec une vision affirmée du positionnement visé et des synergies à concrétiser prennent une longueur d’avance. Les fonds de capital-investissement se montrent intransigeants sur la capacité à produire de la valeur rapidement.

L’analyse préalable du marché, la maîtrise des risques juridiques, rien ne doit être laissé au hasard. Ceux qui réussissent leur opération de croissance externe sont ceux qui investissent dans la due diligence, avec une attention particulière aux critères ESG, désormais incontournables. Les équipes doivent aussi savoir naviguer dans la complexité du financement, car la hausse des taux impose de repenser la structuration de la dette et du capital.

Pour maximiser les chances de succès, il vaut mieux :

  • Chiffrer avec précision les synergies opérationnelles et commerciales attendues.
  • Identifier les leviers de fidélisation des talents dans les PME acquises.
  • Prendre en compte les risques liés à la cybersécurité, désormais passés au crible par les investisseurs.

L’intégration post-acquisition se prépare en amont. Les échecs tiennent plus souvent à une sous-estimation des facteurs humains et technologiques qu’à une mauvaise valorisation. Les relais managériaux doivent être mobilisés, la gouvernance clarifiée, la communication interne soignée. Désormais, les dossiers qui séduisent le private equity ou les industriels sont ceux qui affichent une stratégie d’intégration structurée dès la lettre d’intention.

Reste une certitude : dans l’arène des fusions et acquisitions, l’attentisme n’offre aucune garantie. Ceux qui sauront détecter les signaux faibles, anticiper les mutations et activer les bons leviers pourraient bien façonner la prochaine vague du secteur. Qui voudra rester simple spectateur ?

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